Témoignage Agent de Police Municipale
Caroline, 43 ans, agent de police municipale à Lille depuis 2005.
Quel est votre parcours avant d'entrer dans la police municipale ?
J'ai travaillé pendant 17 ans dans la restauration, avec un BEP d'agent administratif. Mon rêve a toujours été de devenir gendarme mais j'ai été recalée aux tests à 18 ans à cause de ma myopie. J'ai repassé les tests de sous-officier de gendarmerie en mai 2001, après m'être faite opérée des yeux. Malheureusement, des raisons familiales m'ont empêché de partir en gendarmerie.
Comment êtes-vous entrée à la police municipale de Lille ?
J'avais écrit à la mairie de Lille pour savoir s'ils avaient des postes à offrir en police municipale. Ils m'ont répondu qu'il y avait un concours bientôt mais aussi des entretiens et des tests pour recruter des ASVP (agent de surveillance de la voie publique). J'ai décidé de les passer en juin 2001.
Comment est-on recruté comme ASVP ?
Il y a des tests de maths (deux problèmes) et de français (compréhension d'un texte), puis un entretien devant un jury. Je suis passée devant six personnes : le directeur de la police municipale, le responsable du stationnement payant, le directeur des ressources humaines de la mairie, une personne du syndicat, un salarié de la société qui gère les horodateurs et un psychologue de la mairie.
En quoi consistait votre travail d'ASVP ?
J'ai été recrutée en septembre 2001 pour vérifier le stationnement payant. En juin 2002, j'ai rejoint une nouvelle brigade « environnement » de six agents, créée au sein de l'effectif du stationnement payant. Nous nous occupions notamment des déjections et des divagations canines. Nos horaires étaient de 6h à 13h du lundi au vendredi et un samedi sur deux. Mon salaire mensuel était de 1100€ net.
Avez-vous préparé le concours de police municipale en parallèle de votre travail d'ASVP ?
En travaillant au stationnement payant, je pouvais bénéficier de formations. J'ai donc suivi une formation sur les épreuves de français au CNFPT (centre national de la fonction publique territoriale) à raison d'un jour par semaine pendant deux mois. J'ai pu m'entraîner à la rédaction de rapport (épreuve d'1h30 avec un coefficient 3) et à l'explication d'un texte (épreuve d'1h avec un coefficient 2). Pour préparer, j'ai aussi lu un livre sur le concours de police municipale.
Comment s'est passé le concours ?
Je l'ai raté deux fois à Lille en 2003. Il y avait énormément de candidats (3000 environ) pour très peu de postes (80). J'ai eu des notes catastrophiques aux épreuves écrites (5 et 7) et je ne suis même pas arrivée à l'oral.
Vous l'avez repassé une troisième fois ?
J'ai parlé à mes chefs de police qui m'ont encouragée à continuer. Je me suis donc inscrite au concours suivant, qui avait lieu en région parisienne fin 2004. Cette fois, il y avait nettement moins de candidats et plus de postes. Nous avions une chance sur trois d'être reçus. Nous l'avons passé à quatre collègues et nous sommes trois à l'avoir eu. Cette fois, j'ai obtenu 15 et 17 aux épreuves de français et de rapport.
Une fois sélectionnée à l'écrit, j'ai pu passer les épreuves de sport : un 100 mètres et le lancer de poids pour moi. J'ai eu quelques points en plus à cause de mon âge.
L'oral avait lieu la semaine suivante. Un jury de deux personnes (un agent de police municipale et une personne des ressources humaines d'une ville) m'a questionnée sur le métier de policier municipal, les pouvoirs du maire…
Votre travail d'ASVP vous a-t-il aidé pour devenir policier municipal ?
Cette expérience m'est utile dans mon travail de policier sur la voie publique, mais ne m'a pas spécialement aidé pour le concours.
Comment avez-vous été recrutée à la police municipale de Lille ?
En étant déjà ASVP à Lille, j'étais sûre d'avoir un poste. Comme il manquait des gardiens, j'ai été recrutée très vite : j'ai eu les résultats du concours en février et j'ai commencé comme gardien en mai. J'ai quand même eu un entretien avec le directeur de la police municipale, le DRH et un psychologue de la mairie, qui me connaissaient déjà.
En quoi consiste votre travail ?
Notre premier travail est d'être au contact de la population. La mairie nous demande de faire plus de prévention que de répression.
A la brigade « environnement » dont je fais partie, nos missions concernent les déjections et les divagations canines, l'occupation du domaine public (terrasses installées sans autorisation), l'affichage sauvage, les épandages (les camions qui mettent de la boue dans les rues ce qui peut être dangereux pour les automobilistes)…
Nous menons régulièrement des opérations avec le service propreté de la ville pour vérifier que les jours et heures de sortie des poubelles sont respectés, que le tri est correctement effectué. On ouvre les sacs en infraction pour trouver l'identité du propriétaire et le verbaliser. L'enlèvement d'un sac poubelle est facturé 63€ au contrevenant.
Je travaille de 8h à 14h et de 14h à 17h, ou de 7h à 14h quand on fait les marchés.
Nous recevons aussi beaucoup de courrier et répondons à plus d'une vingtaine de demandes d'intervention par semaine.
Etes-vous armée ?
A Lille, nous n'avons pas d'arme, seulement un bâton de défense et une bombe lacrymogène.
Aimez-vous votre métier ?
Je l'adore car je rends service aux gens ! Je rencontre beaucoup de monde, des ouvriers de chantier, des patrons… Je suis reconnue par la population.
Quel salaire gagnez-vous ?
Comme gardien de police municipale deuxième échelon, je gagne 1300€, 1500€ net avec les primes. Je n'ai pas d'enfants, je peux donc faire beaucoup de dimanches pour remplacer mes collègues absents. Comme les dimanches sont payés en heures supplémentaires, j'ai gagné 1900€ le mois dernier.
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