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octobre 2016

Témoignage de Lilian, policier municipal à Venerque

lilian-Lilian, 35 ans, policier municipal à Venerque (2600 habitants)

Quel est votre parcours ?

Avec mon bac, obtenu en 1992, j'ai entamé un BTS action commercial. En parallèle, j'ai passé le concours de gardien de la paix. J'ai fait mon service national comme policier auxiliaire pendant 10 mois, puis j'ai fait l'école de police à Marseille en octobre 1994.
J'ai passé un an et demi comme gardien de la paix à Sarcelles, en région parisienne. On faisait l'urgence (les accidents, les tapages, les bagarres, la police secours), avec sept ou huit interventions par vacation. Cela ne correspondait pas à ce que je voulais faire. On n'avait aucun contact avec la population.

Concours Police Municipale temoignagesVous avez donc décidé de passer de la police nationale à la police municipale ?

Je suis originaire de Saverdun, en Ariège. A l'époque, il fallait une bonne quinzaine d'années avant de pouvoir redescendre. Je ne voulais pas faire ma vie avec des enfants en région parisienne. C'est pour cela que j'ai décidé de passer le concours de policier municipal en 1996.

Concours Police Municipale temoignagesComment avez-vous passé le concours de police municipale ?

Je me suis inscris à un concours organisé par le centre de gestion de la grande couronne, dans les Yvelines. Il y avait 450 candidats pour 70 postes.
Nous avons passé une épreuve écrite d'explication de texte, la rédaction d'un rapport sur un événement survenu en patrouille. En sport, j'ai eu un test Cooper, une épreuve de course sur la plus grande distance possible pendant 12 minutes et de la natation.

Concours Police Municipale temoignagesComment vous êtes-vous préparé au concours ?

L'épreuve de rapport est notée sur des éléments qu'on ne peut pas inventer. Si on n'a pas déjà une expérience policière, c'est difficile. Dans le cadre de mon travail de gardien de la paix, j'avais des contacts avec la police municipale de Sarcelles. Grâce à cela, j'ai pu préparer le concours en consultant des vrais rapports de police municipale.

Concours Police Municipale temoignagesComment avez-vous décroché votre premier poste ?

De nombreuses villes, et surtout les plus grandes, sont demandeuses de policiers municipaux. Et on a la liberté de postuler partout en France. Je voulais aller dans le sud de la France. J'ai trouvé une annonce pour Agen sur la Gazette des Communes en mars 1997. C'était une ouverture de poste, dans une police municipale de 30 agents.

Concours Police Municipale temoignagesAvez-vous fait une formation avant de commencer ?

Oui, j'ai fait une FIA (formation initiale appliquée) de 6 mois. En 1997, c'étaient les premières FIA qui se montaient. Avant, il n'y avait des stages dans la fonction publique, mais par de partie théorique.
J'ai fait la partie théorique au CNFPT de Bordeaux, avec des intervenants qui sont des professionnels, policiers municipaux, nationaux, gendarmes, juristes… La pratique s'est faite dans différents services de gendarmerie, police et mairie.

Concours Police Municipale temoignagesQuelles différences y-a-t-il avec la formation de police nationale que vous aviez faite auparavant ?

La formation en police municipale est très axée sur la prévention car il n'y a pas l'aspect judiciaire de la police nationale. On a le statut de stagiaire mais pas d'élève. On n'est pas hébergés sur place comme en police nationale, qui a un côté un peu militaire.

 

Concours Police Municipale temoignagesComment se passait votre travail au quotidien à Agen ?

A Agen, pendant cinq ans, j'ai travaillé en îlotage dans les cités sensibles. Nous étions deux policiers, toujours sur le même quartier. Nous avions un rôle préventif : faire du renseignement pour le commissariat et la gendarmerie, faire des patrouilles sur le secteur, en relation avec le service d'animation, faire le suivi des jeunes en relation avec les éducateurs et les assistants sociaux. C'était de la police de proximité.
Mais tous les policiers municipaux était armés jour et nuit de pistolets 7.65.

Concours Police Municipale temoignagesVous êtes arrivés dans votre poste actuel à Venerque, un village de 2600 habitants, en 2003. Quelles sont vos missions ?

Je suis à l'école matin et soir pour surveiller s'il n'y a pas de stationnement gênant. Je m'occupe de la gestion du cimetière (vente des concessions, suivi des travaux). Je fais le suivi de l'urbanisme sur le terrain : l'affichage des permis, la vérification des limites de propriété... Je fais le suivi de la voierie, des panneaux, des travaux de sécurité. Je m'occupe également des différents de voisinage, des tapages, des chiens errants. En lien avec la DDASS, je m'occupe de la salubrité des installations, des commerces illicites, du logement insalubre.

Concours Police Municipale temoignagesComment pratiquez-vous au quotidien ?

Je fais surtout de la prévention. Je ne verbalise pas systématiquement, mais seulement après avoir expliqué aux gens, dans les cas extrêmes.
Je suis sur le terrain, sur la voie publique le plus possible pour savoir ce qui se passe, exactement comme dans les cités sensibles.
C'est comme cela que j'ai pu participer à l'identification de l'auteur de dégradations dans l'école. Grâce au service d'animation, nous avons pu mettre en place un système de réparations de ces dégradations. C'est intéressant avec les jeunes.

Concours Police Municipale temoignagesY-a-t-il des différences entre le policier municipal dans un village et le garde-champêtre ?

Il n'y a pas de grosses différences sur les interventions. Ce qui diffère, c'est la carrière et la rémunération.

Concours Police Municipale temoignagesD'un lieu à l'autre, les missions d'un policier municipal peuvent être très différentes…

Je connais des policiers municipaux qui ne font que du renseignement, d'autres qui verbalisent toute la journée. Tout dépend des orientations du maire et du temps qu'on peut passer. La vision de choses n'est pas la même à Agen et à Venerque. Les besoins ne sont pas les mêmes non plus. Je ne passe pas mon temps à faire le suivi des jeunes s'il y a trois infractions par an.

Concours Police Municipale temoignagesFaites-vous aussi des choses qui ne relèvent pas de votre compétence ?

Je fais la régie de la cantine qui n'est pas de la compétence du policier municipal. C'est une concession à faire dans les petites communes… C'est dommage. Dans beaucoup de petites communes, les policiers municipaux sont mal utilisés.

Concours Police Municipale temoignagesQuelle est votre rémunération ?

Elle est nettement inférieure à celle de la police nationale, 450€ de moins environ. Je suis chef de police 3ème niveau (un grade en voie d'extinction) et aussi brigadier-chef principal. La rémunération est de 1500€ net et j'ai 12 ans d'ancienneté. Après mon passage en police nationale où je touchais 1800€ comme gardien de la paix, j'ai dû recommencer au niveau stagiaire en police municipale.

Concours Police Municipale temoignagesQu'est-ce que vous aimez dans votre métier ?

Nous sommes axés sur le relationnel, le suivi des gens. Si on reste dix ans dans une commune, on voit les personnes évoluer. On a une vraie reconnaissance de la population.

Concours Police Municipale temoignagesQuels conseils donneriez-vous aux jeunes ?

D'éviter d'arriver jeune gardien dans une petite commune où on est tout seul. Il est préférable d'avoir trois ou quatre ans d'expérience avec des collègues, donc de commencer dans une ville avec des domaines d'interventions variés et des effectifs suffisants. Le sang-froid nécessaire pour faire des interventions et des interpellations s'acquiert avec le temps.